Par Anne-Charlotte Venuti
Un comble pour cette marque de luxe qui consacre une large partie de son budget annuel à lutter contre les imitations de ses produits….
En effet, la société World Tricot, l’un des sous-traitants de la célèbre maison depuis 1998, a assigné celle-ci en octobre dernier devant le Tribunal de Commerce de Paris statuant en référé. Elle réclame 3 Millions d’Euros pour rupture brutale et abusive des relations contractuelles et 500.000 Euros pour contrefaçon et parasitisme commercial.
A l’origine de ce litige, la gérante de World Tricot, Madame Carmen Colle, aurait reconnu dans une boutique Chanel à Tokyo en mars 2005, le modèle « demi devant » qu’elle avait proposé à titre d’échantillon à Chanel en octobre 2004 et qui avait été refusé par Karl Lagerfield.
A la suite de la découverte de cette « contrefaçon », Madame Colle a tenté d’obtenir, en vain, des explications. Au même moment, les commandes passées par Chanel, et qui représentaient les 2/3 des ventes de cette petite PME d’une vingtaine de salariés, ont mystérieusement fondu, mettant World Tricot en péril.
Chaque partie campe sur ses positions : Chanel arguant que l’origine de la création vient toujours des studios de couture et de son directeur artistique Karl Lagerfield et que les sous-traitants ne font qu’exécuter les directives de la maison. World Tricot soutient quant à elle qu’elle contribue effectivement au processus de création des modèles puisqu’elle fait « toute la partie de la recherche et élabore les échantillons avec son savoir-faire et ses techniques. »
L’affaire est pendante devant le Tribunal de Commerce de Paris qui a fixé une audience au fond le 14 décembre prochain.
En attendant, Chanel affirme être « serein » alors que World Tricot se justifie : « c’est une affaire de dignité humaine plus que d’argent » avant d’ajouter « Je ne l’attaque pas. Je me défends ».
Article publié sur design-et.com le 05/12/2005